Magnificences à la cour de france
Denis Raisin Dadre I Philippe Vallepin - Doulce Mémoire
tue 03 Oct 2017
Denis Raisin Dadre I Philippe Vallepin - Doulce Mémoire
Magnificences à la cour de France nous fait remonter le temps et nous plonge dans une fête digne de la cour de François Ier. À travers une succession de tableaux vivants plus somptueux les uns que les autres (et dont l’enchaînement est tiré chaque soir aux cartes de tarot !), c’est toute l’extravagance, l’élégance et le raffinement des divertissements de la Renaissance qui sautent aux yeux. S’inspirant de sources documentaires diverses telles qu’iconographies, traités de danse ou témoignages de cette époque, quatre danseurs, deux chanteurs et six musiciens polyinstrumentistes de l’ensemble “Doulce Mémoire” déploient un imaginaire à la fois fidèle à la véracité historique et digne des plus belles rêveries.
NOTE D’INTENTION
En 1515 François 1er monte sur le trône de France à l’âge de 20 ans. Auréolé de ses premiers succès militaires, sa jeunesse, sa fougue suscitent l’enthousiasme du pays tout entier. Roi bâtisseur, roi mécène, roi chevalier, François 1er s’entoure des plus illustres artistes, architectes et ingénieurs de la Renaissance dont Léonard de Vinci.
Jeune, sportif et excellent danseur François 1er va demander à tous les artistes de sa cour de participer aux divertissements qui trouveront leur apogée dans les fêtes de cour appelées « magnificences » dont la singularité n’a d’égal que le raffinement.
Notre spectacle s’inspire des iconographies, des traités de danses et des témoignages des contemporains comme ceux très précis de Tamalio le secrétaire de Fréderic Gonzague. Dans les récits que ce chroniqueur envoie à la cour de Mantoue après la victoire de Marignan, il s’émerveille des costumes de ces fêtes mais aussi de l’extravagante succession des tableaux, de l’inventivité et de la virtuosité des danseurs.
Les magnificences n’ont pas de forme définie ; les tableaux indépendants les uns des autres ont chacun un thème. Le Dauphin de France, le futur Henri II, pouvait par exemple régler un tableau de danses paysannes qui, par leur truculence et leur engagement physique faites de contorsions et de cabrioles sur des musiques endiablées, égayaient les jeunes aristocrates. Un courtisan proche du Roi pouvait, lui, chorégraphier des morisques. Ces danses spectaculaires qui distordaient les corps étaient censées s’inspirer de celles des Maures et aussi des peuples nouvellement découverts au Brésil, ces « sauvages » fascinants et inquiétants. De son côté, la favorite de François Ier pouvait présenter avec ses dames de cour un ballet où Diane et Junon représentées par les allégories de la vertu et de l’amour profane, dansaient et dialoguaient à travers des chansons courtoises éditées par Claudin de Sermisy, le musicien favori de la cour. Quant à la guerre, activité séculaire de la noblesse, elle était sublimée dans des joutes qui mimaient des combats, ou détournée en guerre amoureuse. Enfin tous les courtisans se retrouvaient dans cette survivance des tournois médiévaux où l’on voyait une jeune femme enlevée pendant la fête par un être malfaisant, enfermée dans un château ténébreux et délivrée tant par les joutes des chevaliers que par le pouvoir de la musique et de la poésie.
Dans notre spectacle, la joyeuse compagnie laisse au hasard le choix des thèmes des tableaux ; c’est en tirant les cartes du tarot qu’elle en détermine le sujet et la trame. Il n’y a donc pas de logique à l’enchaînement de ces tableaux et ces fêtes peuvent, de notre point de vue, sembler vaines. Pourtant la magnificence chez Saint-Thomas d’Aquin et Aristote compte parmi les vertus royales ; elle convient, disent-ils, à celui qui est noble car de là découlent sa grandeur et sa dignité. Il ne faut donc pas voir en ces fêtes un divertissement dispendieux et futile. La fête au contraire démontre de manière éclatante la foi profonde et sincère de la Renaissance dans la réunion des arts. Le divertissement de cour vise à recréer sur terre l’harmonie cosmique qui est censée gouverner l’univers.
Notre spectacle évoquera ce double aspect ; d’une part la fête brillante, joyeuse, carnavalesque, spectaculaire de cette Renaissance française conquérante et énergique, et d’autre part son aspect magique. Le prince, par ces fêtes, ramène l’harmonie et l’équilibre dans son royaume; la danse reproduisant les mouvements des corps célestes. Les danseurs ont à ce titre une réelle influence sur le monde politique et social. Ces magnificences peuvent être considérées comme un véritable rituel, nécessaire à l’équilibre du monde. Ainsi le poète Bérenger de La Tours d’écrire : « Tout danse dans l’univers ».
Denis Raisin Dadre et Philippe Vallepin
direction musicale Denis Raisin Dadre - mise en scène Philippe Vallepin - chorégraphie Hubert Hazebroucq - costumes Jérôme Bourdin - création lumières Jérôme Allart - danse Annabelle Blanc, Gloria Giordano, Olivier Collin, Hubert Hazebroucq - soprano Véronique Bourin - ténor Hugues Primard - luth, guitare renaissance Pascale Boquet - bombardes, doulçaines, flûtes Adrien Reboisson, Elsa Frank, Denis Raisin Dadre, Jérémie Papasergio - percussions Bruno Caillat - ©Laurent Geneix