La fin du monde est pour dimanche
François Morel
ven 11 mars – sam 12 mars 2016
François Morel
Les pépites du quotidien
La naïveté n’est pas un vilain défaut, surtout lorsqu’elle est incarnée par François Morel. Compagnon d’équipée des Deschiens, il n’a cessé depuis lors de cultiver, jusque dans ses chroniques hebdomadaires pour France Inter, des airs faussement ingénus, où se glisse parfois un humour mordant, et où affleure dans tous les cas une poésie du quotidien. Et sur ce terrain-là, François Morel sait dénicher de vraies pépites. Un peu bonimenteur, c’est surtout en conteur éclairé de la vie ordinaire qu’il incarne à lui seul, dans La fin du monde est pour dimanche, une épatante galerie de personnages qui livrent des instantanés de vie, comme autant de bulles drôles et subtiles, petits bonheurs arrachés à la fuite du temps.
- durée estimée du spectacle : 1h20
DANS LA PRESSE
« Un grand-père se promène avec son petit-fils au crépuscule. Il lui dit : « Tu vas te coucher tard, mais je voulais que tu voies ça. Regarde si c’est pas beau. Profite. Ça rend philosophe… Tu vois, gamin, la vie c’est comme une semaine. Ni plus, ni moins. Lundi, mardi, jusqu’à dimanche. » Pour l’enfant, à qui la vie semble infinie, cette histoire de semaine est vraiment incompréhensible. « C’est une métaphore », dit le grand-père, qui aimerait bien que pour lui les heures du samedi n’en finissent pas.
Oui, c’est une métaphore. Et c’est un bonheur de l’entendre raconter par François Morel dans La fin du monde est pour dimanche. Seul en scène, il s’offre, avec son menton rond comme un bonbon, ses cheveux bouclés, son costume marron et son allure à la Bourvil, faussement naïf, qui laisse tomber les finales avec l’air de ne pas y toucher. Mais cet air-là, c’est celui d’un homme blessé qui sourit et dévide, au cours de sketches, les pelotes tricotées par l’enchainement des jours et ravaudées par une dérision tendre, dans la lignée des Deschiens, ces premiers merveilleux spectacles de Jérôme Deschamps, dont François Morel fut un artisan majeur.
Il y a souvent, dans son regard sur la vie, un petit côté mécanique qui coince, comme quand on est adolescent, dans un village, et que l’on enfourche avec jubilation sa première Mobylette, une vieillerie bricolée, laquelle rechigne au premier virage, et vous plante là, avec votre grand désir inassouvi d’ailleurs et de liberté. Mais il y a aussi de francs éclats de rire, quand par exemple François Morel raconte la naissance de Jésus, à sa manière, totalement mécréante. Et il y a, surtout, cette humanité magnifique, comme une cicatrice à vif qui ravive le bonheur perdu, les occasions manquées, le sentiment d’incomplétude, toujours prêt à venir distiller son venin, et à rappeler le satané écoulement du temps.
Il faut voir François Morel déguisé en Janine, une femme qui sirote allègrement du vin cuit et parle à une photo de Sheila, son idole. Il faut l’entendre, habillé en hallebardier, raconter la triste histoire d’un comédien qui rêvait de gloire. Il faut l’écouter quand il apostrophe Anna Karina, dans le passage de Pierrot le Fou, le film de Jean-Luc Godard – projeté sur un écran – où l’actrice marche dans la mer, en disant : « J’sais pas quoi faire, qu’est-ce-que j’peux faire ? » C’est une bonne question. Si vous cherchez une réponse douce comme la consolation d’un soir, allez voir François Morel. »
Le Monde
texte et jeu François Morel - mise en scène Benjamin Guillard - scénographie, lumières, vidéo Thierry Vareille - effets vidéo, post-production Etienne Waldt - assistant à la lumière Alain Paradis - musique Antoine Sahler - son Mehdi Ahoudig - costumes Christine Patry - collaboration artistique Lionel Ménard - direction technique Denis Melchers - costumes Atelier Les Vertugadins - régie son et vidéo Mehdi Ahoudig ou Thibault Vincent - poursuiteur Djibrill Thomas
vendredi 11 mars à 20h30
samedi 12 mars à 20h30
à partir de 12ans