Kalakuta republik
Serge Aimé Coulibaly - Faso Danse Théâtre
jeu 01 jan 1970
Serge Aimé Coulibaly - Faso Danse Théâtre
Qu’est-ce que pourrait être l’engagement artistique dans le monde d’aujourd’hui ? C’est la question que pose Serge Aimé Coulibaly. D’origine burkinabé, le chorégraphe n’a de cesse de tisser des liens artistiques entre l’Europe et l’Afrique, créant des pièces qui prennent résolument racine dans sa culture africaine et résonnent indubitablement d’un continent à l’autre. Pour sa nouvelle création, il s’inspire de l’œuvre et de la vie du chanteur nigérian Fela Kuti, symbole de contestation politique, sociale et musicale dans l’Afrique des années 1970. Dans Kalakuta Republik, l’énergie folle et puissante des corps semble traduire l’urgence qu’il y a à conjuguer au présent la question de l’engagement.
Inspiré par Fela Kuti, l’inventeur nigérian de l’afrobeat, compositeur, saxophoniste, chef d’orchestre et aussi homme politique contestataire, le chorégraphe originaire du Burkina Faso, Serge Aimé Coulibaly crée un nouveau spectacle dans lequel la politique n’est pas seulement un accent dramaturgique vague.
Six danseurs sur scène. Sept un peu plus tard. De ce nombre éclatent des variations infinies de figures et de mouvements comme des métaphores rageuses d’une urgence de vivre … une réflexion politique qui passe par les corps. Un langage de mouvements marqué par le répertoire traditionnel, par les déhanchés de boîtes de nuit et par le jazz, mais surtout une tout nouvelle danse dont on ne connaît pas d’où elle vient.
La scène fait référence à la fois à notre monde politique et social actuel à la fois au Shrine, lieu mythique et hybride, à la fois temple et boîte de nuit, où Fela Kuti chantait l’espoir et la révolte après avoir prié avec ses spectateurs. Kalakuta Republic était le nom de sa résidence, sa résidence, située dans la banlieue de Lagos. Un lieu qu’il considérait comme une république indépendante. L’esprit de Fela, porte-voix de la contre-culture en Afrique de l’Ouest et une source d’inspiration pour beaucoup de gens, est une présence clé à travers ce spectacle.
Serge Aimé Coulibaly joue lui-même le rôle du narrateur. Identification avec Fela Kuti? Ou tout simplement lui-même, un artiste engagé impliqué dans un monde en difficultés et impressionné par l’effet de l’immense désir de liberté de la jeunesse burkinabè d’aujourd’hui qui a mené à une grande révolution?
Comme Slavoj Zizek le dit depuis des années aux différents mouvements antigouvernementaux : ce n’est pas très compliqué de rassembler une masse et de crier que les choses doivent changer, l’important c’est qu’est-ce qui se passe le lendemain de l’insurrection.
Kalakuta Republik n’est ni une biographie de Fela Kuti ni un spectacle musical avec sa musique. C’est une recherche palpitante de l’engagement artistique et ce que cela peut apporter. Une pièce dotée d’une énergie communicative. Un morceau d’Afrique sans les clichés. Une Afrique dans le monde globalisé pour laquelle Serge Aimé Coulibaly et toute une génération d’artistes se mobilisent et qu’ils veulent mettre en avant.
concept et chorégraphie Serge Aimé Coulibaly I création, interprétationAdonis Nebié, Marion Alzieu, Sayouba Sigué, Serge Aimé Coulibaly, Ahmed Soura, Ida Faho, Antonia Naouele I création musique Yvan Talbot I création vidéo Eve Martin I dramaturgie Sara Vanderieck I assistant à la chorégraphie Sayouba Sigué I scénographie et costumes Catherine Cosme I création lumières Hermann Coulibaly I responsable technique Sam Serruys I ©Doune