Les palmiers sauvages
William Faulkner
wed 27 Jan – thu 28 Jan 2016
William Faulkner
dans le cadre de Périphérique Arts mêlés
Amour et fureur, une cavalcade venteuse
S’il est ancré dans la littérature, le théâtre de Séverine Chavrier fait matière de tout : musique, voix, corps, vidéo et scénographie. Les Palmiers sauvages, onzième roman de ce peintre impitoyable des mouvements de l’âme humaine que fut William Faulkner, nous entraîne dans un road-movie américain, de Chicago à un bungalow en bord de mer. Une histoire d’amour, de bruit et de fureur, qui court comme une cavalcade venteuse dans « un vent sans horaires, sans lois, imprévisible, venant de nulle part et n’allant nulle part, comme un attelage emballé à travers une plaine déserte. » C’est en musicienne que Séverine Chavrier aborde le récit de Faulkner, dont elle donne intensité et relief au rythme, à la durée et aux nuances.
- durée estimée du spectacle : 2h
NOTE D’INTENTION
En tant que metteure en scène de sa propre compagnie, La Sérénade Interrompue, Séverine Chavrier travaille un théâtre ancré dans la littérature, et qui fait matière de tout : la musique, la voix, le corps, la vidéo, la scénographie. Avec cette particularité que tout se construit depuis le plateau, avec les acteurs et les musiciens.
Les palmiers sauvages est une plongée dans le monde singulier de William Faulkner, peintre impitoyable des mouvements de l’âme humaine. Ce onzième roman du grand auteur américain, décrit la passion brutale de deux êtres en rupture de ban. Charlotte Rittenmeyer quitte son mari, ses enfants et sa vie tranquillement bourgeoise pour aimer Harry ; Harry Wilbourne interrompt son internat de médecine pour fuguer avec Charlotte. Leur amour se transforme en une descente aux enfers, avec toutes les dimensions du mythe tragique : damnation, expiation, rédemption. Charlotte meurt, Harry est enfermé. «Faulkner met en question l’amour absolu. Est-ce qu’à force d’aimer l’amour, on ne finit pas par oublier d’aimer l’autre ? Est-ce qu’une passion vécue comme une œuvre d’art n’est pas une entreprise solitaire, vouée à l’échec ?».
Personnage féminin particulièrement fascinant, l’amante «aux yeux jaunes» qui «porte de vrais pantalons d’homme» se présente comme une artiste et s’engage dans un dévouement total à l’amour. Sa passion est sans retour. Lui écrit des romans pornographiques commerciaux, et rêve silencieusement de retrouver sa vie asexuée d’avant leur rencontre. Dans ce roman, Faulkner met en scène les deux versants de la pratique artistique: il exorcise ainsi ses peurs en montrant la trivialité du travail et la vanité des illusions financières. La réflexion sur l’art est un des moteurs de ce roman très sensuel, terrien, plein d’odeurs, de bruits, de silences. Et qui se donne comme une cavalcade dans de multiples paysages.
La metteure en scène veut rendre sur le plateau la sensualité des éléments, la puissance de la nature traversée. Son adaptation se cale sur chacun des lieux du roman, et prend comme guide les moments de lucidité tranchante qui sont donnés à chaque personnage à un moment ou un autre. Des intuitions qui apparaissent en italique sur la page de Faulkner, et qui doivent trouver leur réalité scénique : ses moments de vérité sont comme le squelette de l’histoire. «Il s’agit d’inventer une langue entre ces personnages. Avec des gestes, des silences, des manières d’adresses spécifiques. Il s’agit de trouver une forme d’érotisme et de musicalité. Une recherche menée en improvisation avec les comédiens.»
Les Palmiers sauvages est une histoire d’amour et de son improbabilité, couleurs qui traversaient déjà les mises en scènes précédentes de Séverine Chavrier, Epousailles et représailles (2010), Série B (2011) et Plage ultime (2012).
création Cie La Sérénade Interrompue - d’après William Faulkner - mise en scène Séverine Chavrier - avec Laurent Papot, Déborah Rouach - scénographie Benjamin Hautin - dramaturgie Benjamin Chavrier - son Philippe Perrin - lumière David Perez - vidéo Jérôme Vernez - construction décors Ateliers Théâtre Vidy-Lausanne