Blow the bloody doors off !
Catherine Diverrès
fri 10 Mar 2017
Catherine Diverrès
Grande dame de la nouvelle danse française à partir du milieu des années 1980, la danseuse et chorégraphe Catherine Diverrès s’est formée auprès de Maurice Béjart avant de s’intéresser au Butô japonais, puis d’inventer son propre langage, celui d’une danse puissante et singulière. Dans Blow the bloody doors off !, elle s’attache à « faire sauter les portes verrouillées par nos réflexes, nos habitudes, les systèmes, les signes qui nous conditionnent comme des mécaniques. » Huit danseurs et sept musiciens envahissent le plateau, spatialisent le mouvement aussi bien que le son, et explorent avec délicatesse l’élasticité du temps.
« Sentir, ressentir tout de toutes les manières possibles… je vis dans la sensation… » Fernando Pessoa
ZOOM SUR CATHERINE DIVERRÈS
« La conscience, la relation à autrui, c’est ce qui fait le temps » répète à l’envi Catherine Diverrès, depuis son premier opus chorégraphique. Étrange météore qui fait son apparition dans le paysage de la danse contemporaine au milieu des années 80. D’emblée, Catherine Diverrès se démarque, tournant le dos aux conceptions de la danse postmoderne américaine et du vocabulaire classique qui dominent alors. Formée notamment à l’école Mudra de Bruxelles dirigée par Maurice Béjart, elle a pratiqué les techniques de José Limón, de Merce Cunningham et d’Alwin Nikolais avant de rejoindre en tant qu’interprète le chorégraphe Dominique Bagouet à Montpellier puis de débuter son propre parcours. Tout d’abord en tandem avec Bernardo Montet, elle crée un duo mythique, Instance, à la suite d’un voyage d’étude au Japon en 1983 auprès de l’un des maîtres du Butô, Kazuo Ohno. Ce sont les débuts du Studio DM. Une dizaine d’années plus tard, en 1994, elle est nommée à la direction du Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne qu’elle dirige jusqu’en 2008.
Au fil d’une trentaine de pièces réalisées à ce jour, Catherine Diverrès invente sa propre langue, une danse extrême, d’une grande puissance, qui entre en résonance avec les grands bouleversements de la vie, qui dialogue avec les poètes, Rilke, Pasolini, Hölderlin, réfléchit avec les philosophes, Vladimir Jankélévitch, Jean-Luc Nancy, s’attache à la transmission et au répertoire, Echo, Stances, Solides. Danse qu’elle déstabilise auprès du plasticien Anish Kapoor dans L’Ombre du ciel.
À partir des années 2000, elle bouleverse sa propre écriture en concevant d’autres dispositifs de création. Elle improvise avec la musique, Blowin’, développe des projets à l’étranger, en Sicile dans Cantieri, avec des artistes espagnols dans La Maison du sourd. Qualité de présence, gravité, images hallucinées, suspens, chute et envol, la chorégraphe fait de sa propre danse une sorte de physique du dévoilement. Tel Encor, paysage où défilent gestes et périodes de l’histoire. Façon d’interroger à partir du corps les grandes mutations sociales et esthétiques d’aujourd’hui ou de réinterroger la mémoire, comme dans son récent solo en hommage à Kazuo Ohno, Ô Senseï. La boucle du temps se referme pour se ré-ouvrir sur une nouvelle période avec la fondation de sa nouvelle compagnie, l’Association d’Octobre son installation dans la ville de Vannes. Poursuivant son travail de création et de transmission, la chorégraphe investit avec ses interprètes une figure de légende, Penthésilée, reine des Amazones. En renouant avec le groupe, la dimension collective, cette pièce marque une nouvelle étape dans la démarche artistique déjà richement nourrie de la chorégraphe.
Irène Filiberti
Compagnie Catherine Diverrès - chorégraphie Catherine Diverrès - danseurs Alexandre Bachelard, Lee Davern, Nathan Freyermuth, Harris Gkekas, Rafael Pardillo, Emilio Urbina, Pilar Andres Contreras, Capucine Goust - création musicale Jean-Luc Guionnet - musiciens Didier Aschour, Cyprien Busolini, Stéphane Garin, Thierry Madiot, Christian Pruvost, Déborah Walker, Seijiro Murayama - interprétation musicale Ensemble Dedalus et Seijiro Murayama - collaboration artistique, scénographie Laurent Peduzzi - création lumières Marie-Christine Soma assistée de Fabien Bossard - costumes Cidalia da Costa assistée de Anne Yarmola - construction scénographique Ateliers Devineau - film Laurent Peduzzi - direction technique Marc Labourguigne - régie son Kenan Trevien - régie lumière Fabien Bossard ©Caroline Ablain