L’amante anglaise
Marguerite Duras, Monique Hervouët
dim 08 janv – sam 04 mars 2017
Marguerite Duras, Monique Hervouët
D’un fait-divers sordide datant de 1949, Marguerite Duras a fait un roman. Un beau jour, Claire Lannes, qui regarde pousser dans son jardin de l’Essonne la menthe anglaise, assassine sa cousine et jette les morceaux du corps dans les trains de marchandises qui passent sous un viaduc près de chez elle. Fascinée par cette femme qui avoue son crime mais se trouve incapable d’en expliquer la cause, l’auteure cherche les raisons de ce geste impensable, qui jaillit dans la normalité d’une vie sans remous. Dans la sobriété d’une scène d’interrogatoire, mari et femme agitent tour à tour les ombres obscures qui, malgré l’horreur, provoquent inexplicablement l’empathie.
attention changements : le spectacle aura lieu le 8 janvier à Eaubonne et non le 27 janvier, et le 2 mars au Dôme de Pontoise et non le 2 février comme indiqué dans la brochure de saison imprimée.
ENTRETIEN AVEC MONIQUE HERVOUËT
Pourquoi avoir choisi cet auteur ?
« Duras est un auteur envoûtant. On ne ressort jamais complètement indemne de ses lectures. Quand on entre dans l’œuvre de Duras, il y a un monde qui ne nous quitte plus. Et puis c’était une femme très libre, féministe. L’Indochine, la Résistance, le retour des camps, elle a été à tous les rendez-vous politiques du XXe siècle. Dans ses textes, il y a une oralité de la pensée. Ce sont des récits intenses, atypiques. Un théâtre de parole. »
Que raconte L’amante anglaise ?
« Marguerite Duras s’inspire d’un fait divers sordide des années 50. Une femme, son mari et sa cousine vivent dans une ferme, dans le milieu de la petite bourgeoisie. Elle tue, dépèce sa cousine et jette les morceaux dans un train pour se débarrasser du corps. Elle ne gardera que la tête, ne dira jamais ce qu’elle en a fait et ne donnera aucune explication sur son geste. »
Comment avez-vous porté cette histoire à la scène ?
« A la façon d’une enquête à la Agatha Christie. La pièce est une forme de thriller, avec une tension dramatique, qui repose sur une énigme : essayer de comprendre ce geste inexplicable. Chaque spectateur fait le chemin avec ses propres indices. La mise en scène repose sur la direction des comédiens, un travail dans l’épure, qui respecte les notes d’intentions de l’auteur. »
Quelles sont les questions que pose Marguerite Duras ?
« Marguerite Duras part de ce fait divers lugubre pour aborder la question insondable du crime. Quelles sont les motivations profondes du passage à l’acte ? Qu’est-ce qui nous empêche de transgresser les règles ? Cette pièce fouille l’âme humaine dans ce qu’elle a de plus sombre, de plus inconnu et de plus vertigineux. Mais c’est aussi le portrait d’un couple dans l’impasse, le récit d’une femme brisée. Cette histoire d’amour évoque l’usure du temps, les renoncements et la recherche d’absolu. »
Ouest France – 13 janvier 2015
Compagnie Banquet d’Avril - texte Marguerite Duras - mise en scène Monique Hervouët - avec Delphine Lamand, Bertrand Ducher, Didier Royant - création lumière (conception et fabrication des objets lumineux) Yohann Olivier assisté de Magid El Hassouni - ©Phil Journé