Antigone 82
Sorj Chalandon I Jean-Paul Wenzel I Arlette Namiand - Dorénavant-Cie
jeu 09 nov – ven 08 déc 2017
Sorj Chalandon I Jean-Paul Wenzel I Arlette Namiand - Dorénavant-Cie
Création FACM du Festival Théâtral du Val d’Oise 17/18
L’apostrophe accueillait en septembre 2016 l’équipe artistique d’Antigone 82, qui présentait au public valdoisien une étape de travail, après quatre semaines de répétition dans les murs du théâtre. Les mois ont passé et voilà la création aboutie ! Adaptant le roman de Sorj Chalandon Le Quatrième Mur, Jean‐Paul Wenzel et Arlette Namiand font revenir au théâtre une histoire de théâtre. 1982. Beyrouth, en pleine guerre du Liban. Un jeune metteur en scène grec décide d’aller monter Antigone d’Anouilh en distribuant les rôles à des comédiens issus de chaque camp ennemi pour une représentation unique sur la ligne de front, et d’offrir ainsi deux heures à la paix. Un acte à la fois dérisoire face au chaos de la guerre et riche de l’humanité terrible et bouleversante qu’il va mettre en jeu. Sur le plateau, guitare électrique, chant, oud et comédiens donnent corps aux mots, portant haut les dimensions poétique, politique et philosophique du roman.
Il y a l’histoire…
Aller monter l’Antigone d’Anouilh à Beyrouth en 1982, en pleine guerre du Liban, en distribuant les rôles à des acteurs issus de chaque camp ennemi (chrétien, chiite, palestinien sunnite, druze) pour une représentation unique dans un cinéma délabré sur la ligne de front, et offrir ainsi deux heures à la paix entre cour et jardin, c’était… inconcevable, irréalisable, une folie !
« Alors faisons-le ! »
C’est la réponse en forme de défi que Samuel Akounis, jeune metteur en scène grec échappé en 1974 de la dictature des Colonels et réfugié à Paris, va mettre passionnément en œuvre et que la maladie interrompt brusquement.
C’est à son ami et metteur en scène Georges, qu’il confie alors cette mission impossible.
Georges accepte par amitié et finit par jeter toutes ses forces dans cette entreprise à la fois dérisoire face au chaos de la guerre et riche de l’humanité terrible et bouleversante qu’elle va mettre en jeu.
… et il y a le style,
la musicalité de l’écriture, les rythmes, les dynamiques entre récits à une ou plusieurs voix et scènes dialoguées.
Tout concourt à ce que cette histoire qui part d’un rêve fou de théâtre revienne au théâtre et qu’entre cour et jardin, nous donnions voix, corps, lumière, musique et sons, à la puissance poétique, politique, philosophique du roman, à tout ce qui fait écho à notre époque, et nous fait tour à tour espérer et désespérer du monde en nous et autour de nous, nous prive d’élans ou nous en donne !
C’est ainsi que du Quatrième mur, est né Antigone 82 !
Arlette Namiand
Du roman au théâtre
Le titre du livre de Sorj Chalandon, le Quatrième mur, qui désigne au théâtre cette frontière invisible entre scène et salle, acteurs et spectateurs, fiction et réalité, est déjà une invitation à « le faire tomber ».
Une intuition qui s’est confirmée au fil de la lecture de ce magnifique roman où se déploie avec une grande virtuosité, l’alternance entre récit et scènes dialoguées, offrant à l’adaptation, aux acteurs et à la mise en scène une palette d’interventions plus diversifiée entre le chœur et les protagonistes, et pour le public, un présent théâtral incomparable où le spectateur est de plein pied dans ce qui se raconte et ce qui se joue.
C’est pourquoi je propose un dispositif tri-frontal pour le public (le gradin de face habituel et deux autres plus petits se faisant face sur le plateau à cour et à jardin) qui permet une grande proximité avec la représentation, où les acteurs interviennent aussi bien depuis le public que sur la scène.
La musique et le chant en direct (la guitare électrique et le oud), le son, les bruitages tout en live, accentuent cette impression de présent, de direct. L’écran au fond du plateau, permet de faire figurer les dates et les lieux de l’action, et des échanges en direct (sortes de skypes) entre personnages à l’écran et sur scène, entre Beyrouth et Paris, Paris et Beyrouth,
J’ai eu l’occasion, à plusieurs reprises de mettre en scène des œuvres littéraires : Mémoires d’un visage pâle de Thomas Berger, Spartacus et Croisade sans croix d’Arthur Koestler, Le Mandat de Sembène Ousmane, Maintenant ou jamais de Primo Lévi, Les Coups de Jean Meckert (toutes adaptées par Arlette Namiand) et j’ai moi-même écrit deux textes :Vater Land et Tout un homme, d’abord sous la forme de récits (édités), avant d’en faire l’adaptation pour le théâtre et de les mettre en scène, et j’ai trouvé dans ce passage entre le livre et le plateau, une grande liberté. Avec le sentiment, au fil de ces travaux, d’une forme singulière de théâtre populaire.
Jean-Paul Wenzel
d’après Le Quatrième Mur de Sorj Chalandon (éd. Grasset) - Prix Goncourt des Lycéens (2013) - - mise en scène Jean‐Paul Wenzel - adaptation Arlette Namiand - avec Hassan Abd Alrahman (jeu et musique), Fadila Belkebla, Pauline Belle, Pierre Devérines, Nathan Gabily (jeu et musique), Pierre Giafferi, Hammou Graïa, Lou Wenzel - scénographie Jean‐Paul Wenzel - création costumes Cissou Winling - création lumières Juliette Romens - création son Philippe Tivillier - création vidéo Jérémy Oury - assistante Lucile Delzenne - © Jérôme Belin